Tout comprendre sur le nouveau règlement européen zéro déforestation importée
À l’heure du dérèglement climatique, la perte des forêts primaires tropicales continue de s’aggraver. Pour endiguer ce phénomène, l’Union européenne a adopté un nouveau texte règlementaire ambitieux qui devrait bouleverser les politiques d’approvisionnement de nombreux acteurs. En effet, la préservation des forêts demeure l’un des leviers les plus efficaces dans la lutte contre le changement climatique.
Partie 1
Le rôle des forêts : indispensables à notre équilibre
Les effets et conséquences de la déforestation
La conservation des forêts : un enjeu majeur pour ralentir les effets du changement climatique et la perte de biodiversité
Un règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts
Partie 2
Kaoka : déjà engagé pour vous garantir un cacao zéro déforestation
Kaoka, votre fournisseur de cacao/chocolat durable
Le rôle des forêts : indispensable à notre équilibre
Maillon essentiel du climat mondial, les forêts sont un trésor inestimable qui assure des fonctions vitales à de très nombreuses espèces, dont la nôtre. Elles abritent entre 50 à 75% des espèces vivantes (animaux, plantes et insectes). Elles sont un rempart face aux tempêtes et aux inondations. Gardiennes des rivières, les forêts fournissent de l’eau potable, grâce à leur pouvoir filtrant, à près de la moitié des plus grandes villes du monde.
Aussi, les forêts tropicales représentent le deuxième plus grand réservoir de carbone de la planète. Leur important pouvoir de séquestration du carbone est essentiel dans le cycle du carbone de notre planète.
Les effets et conséquences de la déforestation
Les impacts de la déforestation sur les émissions de gaz à effet de serre
Depuis plus de 30 ans, la déforestation ne cesse d’augmenter, réduisant considérablement la capacité de stockage de carbone de la planète et participant, par conséquent, à l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère. Ce phénomène s’accompagne également d’une augmentation des émissions de gaz à effets de serre puisque les sols, désormais mis à nu relâchent une partie du carbone organique stocké. Une double conséquence qui aggrave le dérèglement climatique. Selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), la déforestation est responsable de 11% des émissions de gaz à effet de serre.
la déforestation en chiffres La FAO estime que 420 millions d’hectares de forêt — environ 10% des forêts du monde, soit plus large que la taille de l’Union européenne — ont disparu entre 1990 et 2020. Chaque année, le monde continue de perdre 10 millions d'hectares de forêt supplémentaire.Les impacts du dérèglement climatique sur les forêts
Le dérèglement climatique se traduit par de nombreux effets négatifs dont l’augmentation des températures extrêmes et des sécheresses. La combinaison de ces phénomènes affaiblit les forêts et sont à l’origine des mégafeux que nous pouvons observer en Californie, en Australie, au Chili et récemment au Canada. Ces incendies de grande ampleur provoquent une libération massive de CO2 qui vient alimenter le dérèglement climatique. Un véritable cercle infernal…
La déforestation : cause majeure de la perte de biodiversité
La détérioration des forêts pour l’installation de parcelles agricoles se traduit par une perte nette de biodiversité. En effet, le changement des espaces perturbe les habitats naturels de nombreuses espèces qui voient leurs territoires rétrécir ou disparaître. Le défrichage des forêts offre également une porte d’entrée à de nouvelles espèces invasives, brisant l’équilibre écosystémique local et provoquant la disparition d’espèces locales.
Le dérèglement climatique, aggravé par la déforestation et la destruction des milieux naturels, est également une cause majeure de l’érosion de la biodiversité. Depuis quelques années, les espèces d’animaux et de plantes disparaissent à un rythme jamais égalé, provoquant des effets graves sur l’équilibre du monde du vivant, dont nous faisons partie. Rappelons que notre alimentation est directement dépendante des populations d’insectes pollinisateurs.
Perte de biodiversité 68% des populations de vertébrés (mammifères, poissons, oiseaux, reptiles et amphibiens) ont disparu entre 1970 et 2016, soit en moins de 50 ans.Plus de la moitié du produit intérieur brut mondial repose sur les écosystèmes et les services qu’ils fournissent.
La conservation des forêts : un enjeu majeur pour ralentir les effets du changement climatique et la perte de biodiversité
Les causes de la déforestation : entre production et consommation
L’élevage et la production agricole sont les premières causes de la déforestation à l’échelle mondiale. L’Union européenne y joue un rôle primordial puisque la part de l’UE dans la déforestation importée s’élèverait à 36% du total de la déforestation liée au commerce mondial, sur la période 1990-2008.
Déforestation importée : qu’est-ce que c’est ?
La déforestation importée représente la déforestation directe ou indirecte causée par la production de matières premières ou produits transformés en dehors du territoire national du consommateur.
La déforestation mondiale est principalement liée à l’industrie agricole ou minière et à l’exploitation forestière (pour la construction, le papier et le bois). 75% de la déforestation est causée par l’agriculture soit majoritairement par la production bovine, d’huile de palme, de soja. D’autres cultures comme le riz, le cacao ou le sucre sont à l’origine de dégradation des forêts.
Pourquoi le cacao peut-il être responsable de déforestation ?
Comme de très nombreuses cultures, celle du cacao s’est développée sur une logique de front pionnier : les forêts sont coupées ou dégradées pour permettre l’installation de plantations de cacao. Face à la demande croissante du besoin mondial en cacao, l’Afrique de l’Ouest – première et principale zone de production – a notamment été le théâtre de ce processus de migration et de conquête pionnière des forêts tropicales.
LE saviez-vous ? La cacaoculture aurait entraîné la déforestation d'environ 2,5 millions d'hectares depuis le début des années 90 dans les 4 principaux pays producteurs.
Un règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts
Présenté par la Commission européenne, ce règlement européen interdira la mise sur le marché ou l’exportation depuis le marché européen de produits ayant contribué à la déforestation ou à la dégradation des forêts après le 31 décembre 2020.
Les matières premières concernées par ce règlement
Entré en vigueur le 30 juin 2023, ce règlement couvre 7 biens de consommation : café, cacao, caoutchouc, huile de palme, soja, bœuf et bois, ainsi que leurs produits dérivés comme le cuir, le charbon de bois, le papier imprimé ou encore le chocolat.
Il est important de noter qu’il n’y aura pas de transposition nationale : cela signifie que le règlement sera appliqué de la même façon sur l’ensemble du territoire européen. Prévoyant une période de transition de 18 mois pour laisser aux acteurs concernés le temps de se mettre en conformité, il sera mis en application le 30 décembre 2024.
Une définition de la forêt primordiale
Pour dire s’il y a une déforestation, il est nécessaire de s’accorder sur ce qui définit une forêt. Le règlement s’appuie sur la définition de la FAO ( « Global Forest Resources Assessment. Terms and definitions FRA 2020 » ) soit les forêts sont des terres d’une superficie supérieure à 0,5 hectare avec des arbres d’une hauteur supérieure à 5 mètres et un couvert végétal de plus de 10 %, ou des arbres capables d’atteindre ces seuils in situ. Elle n’inclut pas les terres qui sont principalement utilisées à des fins agricoles ou urbaines.
Une obligation de diligence raisonnée
En amont de l’exportation ou de la mise sur le marché de leurs produits, les entreprises concernées par la mise en application du règlement (opérateurs et commerçants) auront l’obligation de réaliser une « diligence raisonnée » afin de fournir les informations suffisantes pour prouver que le produit comporte un risque nul ou négligeable de déforestation. Elles devront donc géolocaliser à la parcelle l’origine du produit ou de la matière première.
La géolocalisation entendue par le règlement est la localisation d’une parcelle de terre décrite au moyen de coordonnées de latitude et de longitude. Pour les parcelles de plus de 4 ha, la localisation géographique doit être fournie à l’aide de polygones décrivant le périmètre de chaque parcelle.
Un système de classification des pays en fonction des risques liés à la déforestation sera publié dans les 18 prochains mois. Les opérateurs devront alors adopter des procédures et des mesures adéquates pour faire face aux potentiels risques identifiés.
Pour veiller à son application, une autorité compétente nationale en charge des contrôles sera nommée d’ici la fin de l’année 2023.
[Nous mettrons à jour cet article dès que les informations relatives seront disponibles.]
Certification zéro déforestation : ça existe ?
Aujourd’hui, si certaines certifications (dont Fair for Life) intègre la déforestation comme critère KO (cela signifie que si l’organisme contrôleur indépendant identifie une déforestation, l’opérateur perd sa certification), il n’existe pas de certifications zéro déforestation, à proprement parler.
Aussi, le règlement européen contre la déforestation importée ne reconnait aucune certification qui permettrait à l’opérateur de se substituer à sa responsabilité. Cependant, les systèmes de certification peuvent être utilisés lors de l’évaluation des risques pour fournir des informations complémentaires sur le respect des exigences énoncées dans le règlement.
Kaoka : déjà engagé pour vous garantir un cacao zéro déforestation
Militant de la première heure sur les questions environnementales, Kaoka travaille depuis plusieurs années sur ce sujet. Le dialogue et la prévention auprès de nos partenaires producteurs sont au cœur de notre démarche. Pour aller plus loin, nous avons déjà commencé à déployer des outils pour garantir que le cacao de nos filières est exempt de déforestation.
Un projet de 8,97M€ pour un cacao zéro déforestation En 2021, Kaoka signe un partenariat public-privé ambitieux pour la conservation et la régénération des écosystèmes/protection de la biodiversité et la promotion de pratiques agricoles réellement durables au sein de filières cacao au Pérou, en Colombie et en Équateur.
Avec le soutien du Fonds Français pour l'Environnement Mondial et des organismes de recherche en agroécologie, Kaoka entend démontrer l'efficacité de son modèle de culture et sa capacité à être dupliqué. Une révolution que la filière cacao doit mener!
Pour en savoir plus sur ce projet, nous vous invitons à lire cet article Kaoka engagé pour un cacao zéro déforestation.
Cartographier et digitaliser les parcelles des producteurs pour assurer la conservation des paysages
La force de Kaoka réside dans l’intégration des filières dans son modèle et son fonctionnement. Grâce à la proximité dont nous bénéficions avec les organisations de producteurs, tous les producteurs avec lesquels nous travaillons sont clairement identifiés. De ce fait, nous avons commencé par géolocaliser avec un point GPS chaque parcelle de nos partenaires producteurs.
Ensuite, les bordures de ces parcelles ont été détourées et digitalisées, y compris les plantations de moins de 4 hectares.
Seule solution pour veiller à la conservation des forêts : les images satellites
Les polygones des parcelles de producteurs sont superposées à des images satellites faisant l’état des lieux des zones forestières. Cela nous permet de vérifier que les plantations de nos partenaires producteurs ne s’agrandissent pas, dans le temps, au détriment des forêts.
Voici l’état d’avancement de ce projet dans chacune de nos filières (données février 2024) :
– Equateur : 100% des périmètres des parcelles géoréférencées
– São Tomé : 100% des périmètres des parcelles géoréférencées
– Pérou : 100% des périmètres des parcelles géoréférencées
– République Dominicaine : 100% des périmètres des parcelles géoréférencées
Fin 2023, Kaoka a atteint son objectif d’obtenir 100% des bordures des parcelles géoréférencées, soit un an avant la mise en application du règlement européen pour lutter contre la déforestation importée.
Cependant, il est important de rappeler que derrière le phénomène de déforestation se cache une nécessité économique : les forêts sont coupées pour permettre aux populations de cultiver et donc de bénéficier de revenus pour vivre. Cela nécessite, de la part des acteurs du cacao et du chocolat, un engagement actif auprès des producteurs pour les accompagner au travers de solutions viables.
Conscients de l’enjeu autour du revenu du producteur, Kaoka soutient les producteurs depuis plus de 30 ans avec des garanties fortes : un achat à 100% de leur récolte pour leur assurer un débouché, un prix d’achat supérieur à celui du marché, la mise en place de programmes de rénovation pour restaurer leurs plantations et améliorer leurs récoltes d’année en année.
Signer des accords de conservation des forêts avec les producteurs
Actuellement, nous travaillons avec les producteurs et les coopératives pour définir des plans de gestion de leurs exploitations, qui se concrétiseront par la signature d’accords de conservation, destinés à protéger et à valoriser les forêts de leurs régions et à limiter l’extension des exploitations agricoles.
Kaoka, votre fournisseur de cacao/chocolat durable
S’engager avec Kaoka comme fournisseur, c’est sécuriser ses approvisionnements en cacao répondant à des critères d’exigence élevés en termes de durabilité et de RSE. C’est avoir la garantie que votre matière première cacao ou chocolat n’est pas responsable de déforestation. C’est réassurer vos propres clients avec un produit « clean », respectueux de l’humain et de l’environnement.
Dans les chocolats Kaoka®, la pâte et le beurre de cacao sont fabriqués exclusivement à partir des fèves de cacao issus de ses propres filières intégrées, certifiées bio et équitable.
Retrouvez ici l’ensemble des produits Kaoka® à usage professionnel.
Nous espérons que cet article vous aura permis d’en savoir plus sur le sujet de la déforestation importée et le nouveau règlement européen qui s’y rapporte. Nous vous encourageons à être attentif aux informations fournies par les marques pour éviter le greenwashing. Si vous avez des questions spécifiques, n’hésitez pas à nous contacter.