Cacao zéro déforestation : comment Kaoka vous le garantit ?
Comment le cacao est-il produit, et pourquoi est-ce qu’il peut être lié à la déforestation ? Quel rôle joue la déforestation dans l’accélération du dérèglement climatique ?
Si vous êtes en train de lire ces lignes, il y a de fortes chances que ces enjeux environnementaux vous préoccupent autant que nous. Chez Kaoka, entreprise pionnière et militante de chocolat bio équitable, ces sujets ne sont pas juste des préoccupations passagères : cela fait des années qu’elles rythment nos actions.

La déforestation, nous l’avons constatée de nos propres yeux. En visitant les pays producteurs et en discutant avec nos producteurs partenaires. Le constat est alarmant. Nous savons que derrière le phénomène de déforestation se cache une nécessité économique : les forêts sont coupées pour permettre aux populations de cultiver et donc de bénéficier de revenus pour vivre.
Chez Kaoka, vous le savez peut-être, nous faisons les choses différemment : nous avons construit nos propres filières de cacao, intégrant les organisations de producteurs dans notre fonctionnement. Nous travaillons main dans la main avec des coopératives de producteurs depuis plus de 20 ans.
Pourquoi est-ce qu’on vous raconte ça ? Parce que c’est ce qui nous permet de connaître les réalités du terrain, d’échanger quotidiennement avec nos organisations de producteurs partenaires et de monter ensemble des projets durables sur le long terme.
À noter Cette proximité nous a permis de prendre conscience très tôt de l'ampleur du problème de la déforestation. Sans attendre que l’Europe nous oblige à réagir : nous avions pris les devants et commencé à travailler sur notre méthodologie Zéro Déforestation bien avant la réglementation européenne.
SOMMAIRE
- Comment, chez Kaoka, nous nous assurons que notre cacao est vraiment zéro déforestation ?
- Mieux vaut prévenir que guérir, non ? Quand Kaoka promeut une cacaoculture de conservation
- Surveiller la déforestation comme le lait sur le feu
Comment, chez Kaoka, nous nous assurons que notre cacao est vraiment zéro déforestation ?
Prouver que notre cacao, cultivé par près de 5000 familles de producteurs, n’est pas responsable de déforestation n’est pas une mince affaire. Pour relever ce défi, nous nous sommes posés des milliers de questions : comment faire adhérer les producteurs ? Qu’est-ce qu’une forêt ? Comment vérifier que nos 5 000 partenaires producteurs ne coupent pas leurs forêts ? Comment compenser le fait que les producteurs ne puissent pas étendre leurs plantations ? Quelles sont les zones à protéger en priorité ? etc.
Pour répondre à toutes ces questions, nous nous sommes appuyés sur nos organisations de producteurs partenaires et sur des organismes de recherche en agroécologie. Des années de travail et d’échange nous ont permis de développer une « méthodologie zéro déforestation« . Composée de plusieurs étapes, cette méthodologie est devenue notre feuille de route : elle nous guide pour vous garantir un cacao et des chocolats zéro déforestation.

1 – Analyse de risque par pays 🌎
Nous travaillons dans des pays aux histoires et aux contextes agricoles très différents. Pour connaître le risque de déforestation, il était important pour nous d’établir la situation dans chaque pays de production. Basée sur 10 critères précis, cette notation nous permet de connaître le niveau de risque de déforestation et d’ainsi prioriser nos actions dans chaque pays.
Les 10 critères qui permettent d’évaluer le risque de déforestation d’un pays :
- Quelle est l’étendue des forêts dans le pays ?
- Les forêts sont-elles menacées ? (déjà déforestées ou dégradées)
- Existe-t-il déjà un suivi de la déforestation dans le pays ?
- Connaît-on l’origine du cacao et la fiabilité des informations à ce sujet ?
- Comment le cacao est-il produit et comment les terres sont-elles utilisées ?
- Les producteurs locaux sont-ils sensibilisés aux enjeux de la déforestation ?
- Les lois locales pour protéger les terres (droit foncier) sont-elles respectées ?
- Le pays de production prend-t-il des mesures face à la déforestation ?
- Les règles et lois locales sont-elles effectivement respectées ?
- Existe-t-il des certifications qui encouragent les bonnes pratiques environnementales ?
Chaque critère a un nombre de points qui peut varier entre 4 et 22, selon son importance. Ensuite, on additionne tous ces points pour obtenir un score global sur 100.
Si le pays a entre 0 et 19 points, nous estimons que le risque est faible 🟢.
Entre 20 et 39 points, nous parlons d’un risque standard 🟠.
Et si le score grimpe entre 40 et 100 points, le risque est considéré comme élevé 🔴.

Cette analyse de risque a été réalisée pour les 4 pays avec lesquels nous travaillons :
- À São Tomé, le risque est considéré comme faible 🟢,
- En Équateur et en République Dominicaine, le niveau de risque est standard 🟠,
- Au Pérou, le niveau de risque fixé est élevé 🔴.

2 – Être incollable sur nos partenaires producteurs et leurs parcelles de cacao
Chez Kaoka, nous connaissons bien chacun de nos producteurs partenaires. Mais il nous manquait des informations détaillées sur leurs parcelles et leur cartographie. Les techniciens des coopératives ont donc rendu visite à chaque producteur et, ensemble ils ont utilisé la géolocalisation : des points GPS ont été définis pour délimiter les bords de chaque parcelle de cacao. Ces zones cartographiées sont appelées « polygones ».
Comment sont créés les polygones ?
Pourquoi cette étape de géolocalisation est si importante ?
Pour savoir si notre cacao est responsable ou non de déforestation, nous avons, avant tout, besoin :
- De savoir d’où il vient : nous devons donc pouvoir rattacher chaque lot de cacao produit à sa parcelle de culture. De cette manière, nous assurons une traçabilité certaine et garantie de nos cacaos.
- De connaître précisément toutes les zones de production de cacao déjà existantes
La collecte de données sur le terrain est un processus minutieux qui représente des milliers d’informations. Afin de faciliter cette tâche, nous avons équipé les équipes des coopératives de tablettes et d’un logiciel spécialement conçu pour simplifier la saisie des données. Pour nos trois filières partenaires en Équateur, à São Tomé et au Pérou, nous avons opté pour l’outil Trusty.
En République Dominicaine (la seule filière que nous n’avons pas créée), nos partenaires utilisent leur propre outil pour collecter les données, avant de les intégrer dans notre système Trusty, garantissant ainsi une continuité et une cohérence dans notre démarche de traçabilité.
À noter Trusty garantit notre système de traçabilité interne : il est à la fois vérifiable et auditable, et nous permet d’assurer une transparence totale tout au long de la chaîne.
3- Zoom sur chaque parcelle de cacao 🔍👀
Si nous voulons être sûr qu’un cacao n’a pas été responsable de déforestation, la première question que nous nous posons, c’est : dans quelle parcelle ou plantation, ce cacao a-t-il été cultivé ? dans quel type d’environnement est-elle ? est-ce que c’était une forêt avant ?
Nous réalisons une analyse de chaque parcelle pour définir son état à un instant T (situation initiale) afin de suivre son évolution dans les années à venir.
Pour cette analyse, nous utilisons le modèle co-construit par le CIAT et Kaoka. On peut le schématiser en 5 grandes étapes successives (autrement dit modèles algorithmiques) grâce au logiciel de géographie Open Source Quantum Gis.

1. Vérification et correction des informations des parcelles 🧹
Avant de se lancer dans l’analyse, nous nous assurons que les données récoltées par nos équipes sur le terrain (cf étape 1) soient bien correctes et organisées. Chaque parcelle se voit attribuer un identifiant unique, les doublons sont éliminés, les coordonnées des sommets sont vérifiés, et si jamais des polygones se chevauchent, nous corrigeons manuellement les erreurs. Une bonne base de travail assure des résultats fiables !
2. Diagnostic spatial de la parcelle et de son environnement 🛰️
Maintenant, on étudie les zones de production du cacao à l’aide d’images satellites. On ne regarde pas juste la parcelle de cacao en elle-même, mais aussi les 600 mètres autour, pour être sûr de ne rien manquer. Ce périmètre de sécurité nous permet de ne pas passer à côté d’éléments importants : présence de forêts, de déforestation, ou même de zones protégées aux abords de la parcelle.
3. Présence d’aires protégées et/ou de territoires indigènes 🌳
À cette étape, le modèle vient vérifier : est-ce que la parcelle se trouve dans une aire protégée ou un territoire indigène ?
- Si oui, elle est immédiatement considérée à haut risque 🔴
- Si non, la recherche est étendue dans un rayon de 2 kilomètres autour des zones protégées ou indigènes.
4. Présence ou non de forêt 🌲🌲
Pour garantir que la parcelle ne se situe pas sur des zones précédemment classées comme forêts sur une période donnée (entre 2021 et 2024), nous avons élaboré une carte de 2020 distinguant les zones forestières des zones non forestières. Afin qu’elle soit le plus précise possible, cette carte compile plusieurs sources de données nationales et internationales couvrant cette période.
L’algorithme vérifie alors ces éléments :
- Est-ce qu’il y avait des forêts à l’emplacement de la parcelle en 2020 ?
- Si la parcelle est située à moins de deux kilomètres d’une zone protégée ou d’une réserve indigène :
- Est-ce qu’une forêt se trouve dans un rayon de 500 mètres autour de la parcelle ?
5. Présence ou non de déforestation 🌲❌
En dernière étape, l’algorithme vérifie la présence ou non de déforestation :
- Est-ce qu’une déforestation a été détectée aux coordonnées de la parcelle au cours de la période d’analyse (2021-2024) ?
- Si la parcelle est située à moins de deux kilomètres d’une zone protégée ou d’une réserve indigène :
- Est-ce qu’une déforestation est identifiable dans un rayon de 500 mètres autour de la parcelle
Résultat et conclusion de l’analyse de la situation initiale par parcelle 🔍
Enfin, après avoir passé au crible toutes ces informations, chaque parcelle reçoit une note de risque : faible, moyen ou élevé 🟢🟠🔴.
- Si le résultat de l’analyse de risque est faible ou moyen 🟢🟠, la parcelle est approuvée sans déforestation .
- Si le résultat de l’analyse de risque est élevé 🔴, nous passons à l’étape suivante (étape 3A) pour approfondir l’analyse.
3A – Poursuivre l’enquête avec Global Forest Watch Pro : le jeu des 7 différences
Si une parcelle présente un risque élevé de déforestation, rien n’est laissé au hasard : nous plongeons dans une analyse plus poussée. Concrètement, nous procédons à un « jeu des 7 différences » : nous superposons la parcelle suspecte avec des cartes qui montrent la perte de couverture forestière depuis le 31/12/2020, grâce à l’outil Global Forest Watch Pro.
Pourquoi le 31/12/2020 ? Le 31 décembre 2020 a été choisi comme date de référence, ou « date de cut off », pour garantir un point de départ dans l'engagement des entreprises contre la lutte contre la déforestation. À partir de cette date, les entreprises doivent prouver que leurs produits ne proviennent pas de chaînes d'approvisionnement ayant contribué à la déforestation ou à la dégradation des forêts.▶ En savoir plus sur le Règlement Européen Zéro Déforestation Importée.
La perte de couvert forestier est représentée par des pixels colorés sur les cartes de Global Forest Watch Pro. Si, après cette analyse, nous écartons le risque de déforestation : la parcelle est validée 🟢. En revanche, si des doutes subsistent et que le risque de déforestation reste possible, nous poursuivons avec l’étape 3B.

3B – Explorer la parcelle depuis le ciel grâce à Google Earth Pro
Si Global Forest Watch Pro révélait une perte de couverture forestière sur une parcelle, nous passons à une vérification visuelle, c’est-à-dire que nous prenons un peu de hauteur grâce à Google Earth Pro pour partir « explorer » la parcelle depuis le ciel.
Nous comparons deux images satellites : une ancienne, antérieure au 31/12/2020, et une plus récente, pour voir si la situation de la plantation et de la forêt a évolué.
- Si les images satellites ne présentent aucun signe de déforestation après le 31/12/2020, la parcelle est approuvée sans déforestation 🟢.
- Si les images satellites sont imprécises et ne permettent pas d’écarter tout risque de déforestation, nous passons à la dernière étape.

3C – À la recherche d’indices : La vérification terrain
Dans de rares cas, les images satellites se montrent insuffisantes et ne permettent pas de garantir l’absence totale de déforestation. Une équipe de technicien se rend alors sur place pour évaluer le risque de déforestation après le 31/12/2020.
Lors de cette visite, la parcelle et ses arbres sont soigneusement inspectés. Un rapport détaillé et documenté avec des photos est réalisé à l’issue de chaque visite terrain.
- Si le rapport indique l’absence de tout signe de déforestation, la parcelle est validée et considérée comme non déforestée 🟢.
- En revanche, si une déforestation est identifiée sur la parcelle, elle ne pourra pas être approuvée. Elle est retirée du périmètre de commercialisation et de la liste des parcelles certifiées ⚠️.

Mieux vaut prévenir que guérir, non ? Quand Kaoka promeut une cacaoculture de conservation
Surveiller qu’il n’y a pas eu de déforestation, c’est déjà une très bonne chose, mais s’assurer qu’il n’y en aura pas à l’avenir, c’est encore mieux ! Dans tous nos programmes : en Équateur, au Pérou, à São Tomé et en République Dominicaine, nous avons mis en place des mesures d’atténuation et de régénération. Autrement dit, nous nous démenons pour conserver les forêts existantes.
Le rôle de Kaoka, c’est de sensibiliser et former les producteurs volontaires pour atténuer les risques de déforestation et promouvoir une cacaoculture de conservation. Rappelons que nos producteurs partenaires conservent la pleine propriété de leurs terres et peuvent les aménager à leur guise, tant qu’ils respectent les règles locales.
Voici quelques-unes des actions que nous avons mises en place :
- Accompagner le développement et l’entretien de l’agroforesterie. Par exemple, réhabiliter les zones déboisées grâce à des pratiques durables, comme l’exploitation durable du bois d’œuvre, ce qui permet aussi aux producteurs d’avoir un revenu supplémentaire.
- Restaurer la fertilité des sols.
- Signer des accords de conservation avec les producteurs.
Pourquoi signer des accords de conservation ?
Grâce aux recherches d’experts en agroécologie, nous avons pu identifier les zones les plus importantes à préserver, comme des forêts denses ou les rives des rivières. Ces recherches ont permis de proposer aux producteurs des accords de conservation. En échange de services écosystémiques et/ou de contreparties (comme des fertilisants bio, des programmes de reforestation ou de réhabilitation), ils s’engagent à protéger et valoriser les forêts locales.
Surveiller la déforestation comme le lait sur le feu
Nous nous sommes assurés que notre cacao n’était pas produit sur des terres déforestées (après le 31 décembre 2020). Désormais, nous devons rester attentifs à ce que les plantations de nos partenaires producteurs ne s’agrandissent pas au détriment des forêts.
Pour y parvenir, nous avons mis en place un système de suivi qui nous permet d’attester l’absence de déforestation actuelle et future. Il nous permet de prouver comment Kaoka respecte et met en œuvre le futur règlement européen (sans tricher !).
- Suivi mensuel des alertes 🚨🌳
Tous les mois, si un risque de déforestation est identifié, des alertes nous parviennent. Dès que nous recevons une alerte, nous partons à la chasse aux infos. Et si nécessaire, nous n’hésitons pas à nous rendre sur la parcelle concernée pour vérifier de nos propres yeux. - Actualisation continue des parcelles et des cartographies 🛰️
Afin de suivre de près l’évolution de la déforestation, les cartographies sont automatiquement mises à jour en temps réel, et avant d’intégrer un nouveau producteur à une coopérative avec laquelle nous travaillons, ses parcelles sont intégrées à notre système et analysées. - Audit annuel🔍📊
Chaque année, un audit est réalisé : 27 points de contrôle sont scrupuleusement vérifiés.

Et si on intègre de nouvelles coopératives ? Quand nous intégrons de nouvelles coopératives, nous suivons la même méthodologie. En fonction du nombre de nouveaux producteurs partenaires, cela peut nous prendre entre 3 et 6 mois de travail !
Nous espérons que cet article vous aura permis de mieux comprendre la méthodologie Zéro Déforestation de Kaoka pour s’assurer que notre chocolat n’est pas responsable de déforestation.
Si vous souhaitez plus de précisions, vous pouvez nous envoyer vos questions depuis notre formulaire de contact. Nous serons ravis d’échanger avec vous !